jeudi 8 novembre 2007

La révolution des béquettes

8 novembre 2007, nous attendons patiemment en file pour passer la frontière Tibet-Népal. Les lignes devraient être ouvertes à cette heure, mais on nous retient le temps que les gardes entrent en poste. Soudain, la barrière s’ouvre. Un groupe d’insouciants se faufilent et passent devant la meute. Personne ne les retient… on ne leur demande même pas leurs papiers. Il s’agit clairement de favoritisme! On referme les portes. 5 minutes passent et voilà que l’histoire se répète. Mais pour qui ce prennent ces béquettes!?! Depuis quelques jours, des centaines de chèvres et de moutons descendent des hauts sommets montagneux de l’Himalaya. La scène est la même dans les Annapurnas. Mais que se passe-t-il?




Dans huit jours, au Népal, les gens célébreront le plus important festival de l’année : Dasain. Ici, la ligne imaginaire qui sépare la Chine du Népal sépare aussi deux cultures complètement différentes. Dès qu’on franchit la frontière, on constate que les visages ont changés, les teints clairs cèdent aux teints foncés. Des tikkas décorent la figure et de longs drapés entourent la taille. À l’extérieur, les odeurs de cari ont remplacé celles du gingembre. On entre dans un restaurant, les baguettes ont disparu : les gens utilisent leurs mains comme ustensiles… L’architecture aussi est différente. Ici, la vie est dirigée non pas par le Bouddhisme mais plutôt par l’Hindouisme. Deux pays, deux cultures!




Le Népal, c’est un endroit mythique. Peut-être considéré comme l’un des pays possédant le moins de ressources économiques, il demeure probablement l’un des plus riches de par ses paysages à couper le souffle et de par les gens s généreux et accueillants qui le composent. Ici, un simple sourire nous va droit au cœur. Il est si honnête et bon qu’on ne peut que le retourner. Au Népal, chaque rencontre est une expérience positive.




Malgré le système de castes qui a guidé les comportements depuis la nuit des temps, les gens vivent en harmonie. Les journaux étrangers rapportent souvent les attentats maoïstes… Il voit en se groupe de rebelles communistes des terroristes sans scrupule. En effet, après des siècles de corruption sous le régime de la famille royale, les militants ont protestés. Ils revendiquent l’égalité. Mais à quel prix? Combien de victimes innocentes sont mortes au nom de la démocratie? Et toujours, rien ne change. La veille de notre arrivée, on annonçait l’annulation des premières élections populaires de l’histoire du pays…




Côté activités




Pour se dégourdir les jambes, nous avons décidé d’aller faire une petite boucle dans les Annapurnas, 5 jours de trek qui nous mène vers Poon Hill et d’autres villages pour admirer les levers et couchers de soleil sur les pics enneigés, ainsi que des terrasses de riz aussi beaux que ceux de la Chine ou du Vietnam. Bien accompagnés de notre guide Krishna (un nom bien hindou) et de compagnons français (Dheenesh et Antoine), nous avons bravé les pentes, traversé les glissements de terrains. Mais cela nous a laissé sur l’appétit de ce qu’un vrai trek d’une quinzaine de jours en boucle autour de ces majestueux sommets pouvait nous offrir.




Pour voir un côté différent du Népal, nous sommes descendus des montagnes pour poser les pieds au Terai, la Basse-Terre du pays. L’abondance des pluies fait que la majorité des récoltes se font ici. C’est aussi en ces lieux que la jungle népalaise se situe. Nous avons donc décidé de faire un petit safari pour avoir une chance d’apercevoir un tigre de Bengale. Nous ne pouvions pas nous attendre à avoir la journée la plus excitante (ou traumatisante pour Vi). Une petite balade tranquille à dos d’éléphants pour voir les crocos et les singes s’est tournée en chamaillade entre notre éléphant et celui d’en avant. Quand le guide s’est mis à tapocher sur la tête de l’éléphant avec un crowbar, nous avons compris que la situation était sérieuse… heureusement que la situation ait été contrôlée, mais quelle frousse de voir des êtres pesant quelques tonnes se déchainer (et nous innocents sur leurs dos…).




Tout cela suivi d’une marche sympathique en jungle accompagnée de notre guide (ayant un bâton pour nous défendre). Heureusement, les sangsues ne sont pas au rendez-vous cet après-midi. Nous apercevons quelques minutes plus tard, une bête ayant son lunch près du sentier que nous empruntions. Un ours « paresseux »! Tandis que nous l’observions de loin en essayant de prendre quelques poses, voilà qu’il s’alerte de notre présence et commence un jog envers nous en grognant fortement. Un geste normal dit notre guide gardant son sang-froid et avançant vers lui en tapant du bâton pour le faire fuir. C’en était assez se disait Vivi, le cœur battant à fièvre allure, une deuxième rencontre avec les animaux sauvages en un jour!




Il n’en fallait pas plus qu’une troisième rencontre qui se passa durant que nous traversions des herbes plus hautes que nous pouvions voir. Un gros grognement suivi de mouvements brusques des herbes nous faisait sentir comme des antagonistes de Jurassic Park. Cette fois le guide nous ordonna de reculer tranquillement pendant que le rhinocéros fit son chemin dans la jungle. Voilà, les yeux de Vivi était grands ouverts, prêts à scruter chaque mouvement dans les feuillages… (à voir dans les photos)




Raymond et Vivi


Ah oui… j’oubliais… et que deviennent les chèvres et moutons dans cette histoire? Bien après les avoir offertes en sacrifice aux dieux lors des festivités de Dasain, les gens les serviront en méchoui. Nous avons trébuché sur quelques têtes guillotinées dans la rue…